Thomas Berns

Machiavel : « a-t-on besoin de la Fortune pour justifier la grandeur de la Rome antique ? »

[Résumé]

Machiavel parvient presque à exclure toute intervention de la Providence pour justifier la grandeur de la civilisation romaine. Nous montrerons comment il met ainsi en avant une lecture du politique organisé en terme de convenance entre des éléments qui, lorsqu’ils sont considérés séparément et de manière non dynamique, donnent traditionnellement lieu à une critique de la cité romaine, et donc à la nécessité de justifier sa grandeur par une « intervention » de la Fortune ou de la Providence. Ce type de critique est en particulier développé dans les glorifications d’un modèle politique vénitien, que nous analyserons au travers de quelques textes de Trébizonde (et subsidiairement de Crinito et du Galateo). Nous pourrons ainsi opposer deux conceptions du bien, de sa connaissance, et des idées de cité, de constitution et de peuple, de manière à montrer les différents rôles dévolus à la Fortune et à la Providence selon que le politique est entendu comme fabrication (poiesis) ou comme agir (praxis). Dans ce second cas, nous montrerons plus particulièrement combien cela a pu donner lieu, dans le chef de Machiavel, à une représentation globale extrêmement spécifique du politique, entendu comme convenance ou comme relation entre des dynamiques, et qu’une telle représentation lui permit de différer tout appel à la Fortune.

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