Élise Boillet

Service courtisan et liberté du lettré : Castiglione, l’Arioste, l’Arétin

[Résumé]

Le discours sur la misère de la condition courtisane parcourt la littérature italienne depuis Dante jusqu’au Tasse. Dans les premières décennies du XVIe siècle, tandis que Castiglione défend l’idéal, difficile au regard de ce que sont le pouvoir princier et la vie de cour, du courtisan capable de guider le prince sur le chemin de la vertu, l’Arioste affirme la valeur, trop rarement reconnue, du poète capable d’assurer la gloire du prince au travers des siècles. Dans le premier livre des Lettres que l’Arétin publie à Venise en 1538, la représentation du rapport de l’écrivain au pouvoir présente, tout en prolongeant ce discours littéraire, une forme inédite : ce n’est plus le prince qui est au centre d’une foule de courtisans luttant pour obtenir sa faveur, mais l’écrivain qui se place lui-même au centre d’une foule de princes rivalisant pour obtenir ses louanges. C’est sur la base de ce rapport de force inversé que l’Arétin développe son mythe personnel de l’homme libre investi de la mission divine de révéler la vérité.

[Télécharger l'article]

http://umr6576.cesr.univ-tours.fr/publications/HasardetProvidence/fichiers/pdf/Boillet.pdf