Marie-Hélène Besnault

Le hasard, la providence et le « bain du diable » : Robert Burton et la mélancolie religieuse

[Résumé]

Le hasard et la providence sont mis en opposition au moins une fois dans la volumineuse Anatomie de la mélancolie de Robert Burton. Il s’agit d’un passage concernant la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Si j’ai choisi de parler de la place qu’ils tiennent, parfois sous d’autres noms, dans un contexte différent, à savoir la mélancolie religieuse dont Burton fait une forme spécifique de mélancolie, c’est que le rôle qu’y jouent hasard et providence me semble difficile à démêler de l’action du diable. Je chercherai ce qui est de nature à éclairer le débat, non seulement dans la dernière partie de l’ouvrage, consacrée toute entière à la mélancolie religieuse, mais aussi dans la première partie, tout spécialement la « Digression sur la nature des esprits, mauvais anges ou diables et la façon dont ils causent la mélancolie » que s’est aventuré à nous offrir Burton, tout en nous prévenant que « c’est là question obscure, pleine de controverses et d’ambiguïté, hors d’atteinte des capacités humaines » et plus particulièrement de la sienne. J’essaierai de voir comment le pasteur anglican tente de réconcilier la prédestination qui est un des articles de la foi anglicane et la lutte contre le péché de désespoir auquel mène souvent cette théorie selon sa propre expérience. Le hasard a-t-il son rôle à jouer ? Comment peut-on s’aider soi-même et aider les autres ? Les diables qui font de la mélancolie leur « bain » sont-ils les exécuteurs de Dieu et donc de la providence ?

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