Pierre Caye

Art, virtus et fortuna. Le différend Pétrarque /Alberti sur le sens des arts plastiques et sur leur capacité à surmonter la fortune

[Résumé]

Se met en place à partir de Pétrarque jusqu’à Machiavel, voire Montaigne, ce que j’appelle une réforme radicale du stoïcisme et en particulier du stoïcisme impérial, d’un stoïcisme qui fait l’économie de la providence et dont témoigne clairement le fameux couple fortuna et virtus, opérateurs présents et actifs dans une grande part de la culture humaniste. C’est un moment singulier et privilégié de la pensée que recouvrira le néo-stoïcisme de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècles, entretenant, à l’exemple de Juste Lipse, un rapport plus orthodoxe à ses sources, et en particulier à ses sources grecques. De fait, la suspension de la providence entraîne une relecture profonde des grandes notions du stoïcisme, tel que Cicéron, en particulier, l’avait transmis à la postérité, de la virtus au premier chef, mais aussi de la commendatio (l’oikeiosis du stoïcisme grec), du temps, du rapport de la morale à la physique et à la physiologie, etc., qui, à mon sens, implique non seulement une refondation de l’anthropologie humaniste et de sa politique, mais plus encore l’invention de la question technique, comme en témoigne l’instauration albertienne de la théorie de l’art, ou encore de la question économique comme le montre le Della famiglia du même Alberti. Nous nous attacherons dans le cadre de notre réflexion, à montrer quels liens unissent, en cette affaire, Pétrarque à Alberti, et en quoi celui-ci accomplit un geste initié par celui-là.

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