Mario Biagioni

L’homme comme « un dieu terrestre » : le problème de l’immortalité d’Adam, de Francesco Pucci à John Locke

[Résumé]

Le problème de l’immortalité d’Adam est l’un des grands sujets de l’histoire intellectuelle de l’Europe pendant le XVIe et le XVIIe siècles. Le débat commence à Bâle au mois de mai 1577 entre deux exilés italiens : Francesco Pucci et Fausto Sozzini. Pucci soutient qu’Adam est créé immortel par Dieu ; Sozzini soutient qu’Adam est immortel parce qu’il est au paradis terrestre.
Sozzini dans De Iesu Christo servatore refuse la valeur métaphysique de la rédemption : celle-ci est dans la parole du Christ. Dans ses Praelectiones theologicae, Sozzini affirme que les hommes du Nouveau Monde n’ont aucun sens de Dieu parce qu’ils ne connaissent pas la parole du Christ. Pucci affirme que la parole n’est pas nécessaire : tous les hommes se sauvent par la Raison naturelle, les sauvages du Nouveau Monde également. Son problème est l’extension du royaume de Dieu. Dans son œuvre Del regno di Christo, l’homme est représenté comme un dieu terrestre.
Pucci poursuit le débat avec Sozzini à Cracovie entre 1583 et 1585. Son universalisme remporte quelque approbation parmi les sociniens. Les textes du De statu primi hominis ante lapsum disputatio se diffusent en Europe avec les textes de l’église socinienne. Le problème de l’immortalité d’Adam est traité par quelques théologiens sociniens pendant le XVIIe siècle (Johann Volkel, Jean Crell, Samuel Crell) et est lié à la pensée du rationaliste. Ce problème de l’immortalité d’Adam est présent aussi dans Reasonableness of Christianity de John Locke, en rapport avec le sujet de l’extension du royaume de Dieu et de la recherche d’un christianisme de la Raison.

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