Roger Friedlein

Le hasard dans la philosophie morale. Un jeu de plateau de João de Barros : Diálogo sobre Preceitos Morais (1540)

[Résumé]

João de Barros est connu en premier lieu comme le grand chroniqueur de l'expansion asiatique du Portugal. En outre, il publie en 1540 un cycle de trois dialogues à vocation pédagogique. Dans le Diálogo sobre Preceitos Morais, l'auteur est mis en scène comme interlocuteur de ses deux enfants, en leur enseignant les fondements et les règles d'un jeu de plateau. Ce jeu est d'abord destiné à l'Infante portugaise, qui doit apprendre avec la fille de l'auteur, les catégories du système moral de l'Éthique à Nicomaque, à travers la pratique ludique. La table de jeu, les pièces et plusieurs figures de forme cyclique sont attachées à l'édition. Les formes de visualisation du jeu – il s'agit d'un arbre des vertus et de figures cycliques où sont disposés les vertus et les vices – sont connues de la tradition lullienne où elles servent à représenter des séries de catégories, et surtout les vertus. En revanche, on trouve un élément innovant décisif chez Barros : il introduit une aiguille (le « Libre Arbitre ») en rotation sur l'une des figures. C'est elle qui détermine le cours du jeu. Le libre arbitre des joueurs n'est donc pas entendu comme un acte de libre élection entre vices et vertus, guidé par la raison, mais il est simulé par un dispositif soumis au hasard. Il faudra donc décrire d'abord le rôle du hasard dans l'ars magna lullienne et ensuite, l'importance de l'innovation que représentent la disposition et l'idéologie de ce jeu chez Barros, par rapport à la tradition et dans le cadre de la philosophie du jeu à la Renaissance.

[Télécharger l'article]

http://umr6576.cesr.univ-tours.fr/publications/HasardetProvidence/fichiers/pdf/Friedlein.pdf