Robert Sauzet

Miracles et Contre-Réforme en France au XVIIe siècle

[Résumé]

Une recherche en cours sur la guerre sainte dans la première modernité m’a ramené sur un terrain fréquenté au début des années 60 lorsque je participais à l’enquête animée par A. Dupront à l’E.H.E.S.S. sur les pèlerinages et les lieux de culte.
L’étude des miracles liés à ces sanctuaires implique un bref retour sur la problématique du « fait » miraculeux et sur le débat relatif aux « marques » de l’Église. Les controversistes catholiques de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle s’appuyaient particulièrement sur les miracles eucharistiques et mariaux, deux des aspects les plus sensibles des joutes oratoires et des combats de plume. Les miracles eucharistiques correspondent à un point essentiel de la rupture religieuse en France. Leur utilité pour la cause catholique est évidente, témoin la floraison d’écrits autour de la guérison miraculeuse de la possédée de Vervins et des discours du « démon controversiste » (Marc Venard).
Dans la typologie des miracles (accidents, possession diabolique, santé, résurrection d’enfants mort-nés, punitions d’hérétiques ou de blasphémateurs), on constate que les guérisons gardent une place essentielle. Dans ce domaine, la Vierge supplante souvent les « bons saints », thérapeutes spécialisés (Sébastien, Marcou, etc.). Par ailleurs le culte marial est lié à la guerre contre les hérétiques, relayant la croisade (La Montagne blanche en 1620, comme Lépante en 1571, sont interprétés comme miracles de la Vierge). Notre-Dame de Chartres avait protégé sa ville en 1568 et, au temps des guerres de Rohan, Notre-Dame de Gignac, en Bas-Languedoc, était, dans les visions de la tertiaire franciscaine Germaine, une Vierge guerrière, tout comme – exactement à la même époque – la Notre-Dame casquée et armée de l’iconographie lorraine, analysée par Paulette Choné.

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