Marie-Dominique Couzinet

Hasard, providence et politique chez Jean Bodin

[Résumé]

Dans les Six Livres de la République, Bodin affirme qu’« il n’y a rien de fortuit en ce monde ». Alors que Machiavel et Montaigne accordent une place centrale à la Fortune en politique, Bodin semble vouloir l’en éliminer complètement, car en jouant la providence contre le hasard, il apporte des éléments de réponse à une question qui est aussi la leur : à quelles conditions une communauté politique, quel qu’en soit le régime, peut-elle prolonger sa survie le plus longtemps possible, sachant que, comme tous les êtres naturels, elle est mortelle ? Alors que, pour Montaigne et Machiavel, les grands événements sont le plus sujets à la Fortune et le moins aux volontés humaines, Bodin y voit autant de manifestations sensibles de Dieu dans la nature, pensables en termes de « conjonctions » : tout ce qui arrive résulte de la conjonction de plusieurs causes et, dans le cas des grands événements, le concours des astres, des nombres et des volontés humaines témoigne de l’action d’un Dieu qui a tout créé selon le nombre, le poids et la mesure. C’est dans ce sens qu’il n’y a pas de hasard.

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