Hasard et Providence – Avril 2007
Séance inaugurale
Claude-Gilbert Dubois
Hasard et nécessités ou l’art d’effeuiller les roses
Robert Halleux
Hasard et Providence comme écheveau de traditions
Séances plénières
Claude-Gilbert Dubois
Pré-voyance et liberté divines dans la conception de l’Histoire (1560-1610)
Michel Jeanneret
Les monstres et la question des causes
Communications
Thomas Berns
Machiavel : « a-t-on besoin de la Fortune pour justifier la grandeur de la Rome antique ? »
Gilles Bertheau
Ni hasard, ni providence : le héros chapmanien pris au piège du machiavélisme
Marie-Hélène Besnault
Le hasard, la providence et le « bain du diable » : Robert Burton et la mélancolie religieuse
Mario Biagioni
L’homme comme « un dieu terrestre » : le problème de l’immortalité d’Adam, de Francesco Pucci à John Locke
Élise Boillet
Service courtisan et liberté du lettré : Castiglione, l’Arioste, l’Arétin
Gloria Bossé-Truche
Les représentations de la Prudence et de la Providence dans quelques recueils d’emblèmes espagnols (XVIe-XVIIe siècles)
Pierre Caye
Art, virtus et fortuna. Le différend Pétrarque /Alberti sur le sens des arts plastiques et sur leur capacité à surmonter la fortune
Bernard Chevalier
À propos des lectures providentielles de l’histoire. Le cas de la première guerre d’Italie
Bruna Conconi
«Sans rien attribuer à fortune, comme les hommes profanes font» : l’intellectuel protestant aux prises avec le désordre de l’histoire
Marie-Dominique Couzinet
Hasard, providence et politique chez Jean Bodin
Nathalie Dauvois
Fortune, histoire et Providence dans quelques œuvres de Jean Bouchet
Phillippe Desan
« Le hazard sur le papier » ou la forme de l’essai chez Montaigne
Lucia Felici
La libertà dell’arbitrio nel pensiero di un intellettuale europeo del tardo Rinascimento : Justus Velsius
Roger Friedlein
Le hasard dans la philosophie morale. Un jeu de plateau de João de Barros : Diálogo sobre Preceitos Morais (1540)
Stéphan Geonget
Panurge et le choix à « trois beaux dez ».
Violaine Giacomotto-Charra
La main de Dieu et les lois de la physique : nature et providence dans la poésie bartasienne
Robert Halleux
Le mineur et l’alchimiste. La systématisation des savoirs aléatoires au XVIe siècle
Richard Hillman
Hamlet, jeu de hasard et jeu de Providence : l’histoire, la tragédie et l’histoire tragique
Florence Jutier-Buttay
Usages politiques de l’allégorie de la Fortune à la Renaissance : l’exemple du tournoi organisé par Jean II de Bologne en 1490
Eberhard Knobloch
La mort, les catastrophes et les assurances chez Leibniz
Nelly Labère
Jeu de hasard et jeu d’adresse. Poétique des formes narratives brèves médiévales
François Laroque
Star-crossed lovers : le destin et les étoiles dans Roméo et Juliette
Chiara Lastraioli
Divinazioni burlesche e satiriche in Italia e in Francia
Françoise Lavocat
Jeux d’adresse et de hasard dans quelques mondes fictionnels au tournant des XVIe et XVIIe siècles
Alain Legros
Montaigne entre Fortune et Providence
Frédérique Lemerle
Architecture et accidents au XVIe siècle. Le Settimo libro de Sebastiano Serlio
Frank Lestringant
Providence et Imago Mundi
Vladislava Lukasik
Nature et fortune : mère et marâtre
Paul-Alexis Mellet
L’ange et l’assassin : les vocations extraordinaires et le régicide jusqu’en 1610
Viviane Mellinghoff-Bourgerie
« C’est un coup de hasard, et plus que cela » : le discours providentialiste des épistoliers spirituels tridentins, de Bonsignore Cacciaguerra à François de Sales
Daniel Ménager
La prudence du diplomate
Hélène Michon
La prédestination, querelle de mots ou querelle de choses ?
Philippe Morel
Entre destinée et occasio, de la virtù du prince aux arcanes du pouvoir
John O'Brien
Hasard et providence dans le Sud-Ouest : Montaigne et ses amis et voisins
Alfredo Perifano
Fortune et medico fortunato dans Della fortuna libri sei de Girolamo Garimberto
Dominik Perler
Le hasard est-il possible ? Spinoza, critique des conceptions scolastiques de la contingence
Bruno Pinchard
Bifurcations et germinations. La Théodicée entre hasard et providence
Aurélie Plaut
Signes de Dieu, Signes du diable : la lecture providentielle de la naissance du « monstre » protestant chez Florimond de Raemond
Orest Ranum
Le Hasard, la Prudence et la Providence dans la pensée du Cardinal de Richelieu
François Rigolot
La place du hasard dans les « erreurs de nature » : de Jérôme Cardan à Francis Bacon
Robert Sauzet
Miracles et Contre-Réforme en France au XVIIe siècle
Francesco Sberlati
Storia e provvidenza divina nella Gerusalemme liberata di Torquato Tasso
Katelijne Schiltz
« Casus ubique valet » ? Josquin, Cerone et les dés dans la musique de la Renaissance
Martin Schmeisser
Oracles, miracles et antiprovidentialisme dans le De Admirandis : Jules César Vanini, un émule de Lucien ?
Kirsti Sellevold
Ordre et hasards de la communication : le cas des Essais
Alexandre Tarrête
Présages et prodiges chez Jacques-Auguste de Thou (1553-1617)
Olivier Guerrier et André Tournon
Lectures de Plutarque au XVIe siècle : la fortune providentielle
Christian Trottmann
Hasard et providence dans le commentaire de Denys le Chartreux à la Consolation de la Philosophie de Boèce
Jacqueline Vons
L’anatomiste et la mort annoncée
Myriam Yardeni
Prédestination, vocation et décisions morales et politiques chez Théodore de Bèze
Jean-Claude Zancarini
Résister à la fortuna : Francesco Guicciardini (1483-1540) et l’infinie variation des choses du monde
Présentation
Le grand colloque qui s’est tenu sur une semaine était le 49e de la série des colloques internationaux d’études humanistes, tradition
établie depuis la fondation du CESR en 1956. Il a compté plus d’une centaine d’intervenants dont les contributions sont publiées sur ce site
au fur et à mesure, non selon une logique de sessions (que l’on consultera dans le programme), mais selon leur ordre d’arrivée pour mettre au
plus vite leur contenu à la disposition des lecteurs. Outre son intérêt scientifique propre, cette manifestation a été l’occasion
d’effectuer un bilan général des activités du Centre pendant ses cinquante ans d’existence et de présenter les résultats et les
évolutions de la recherche. Coordonné par l’équipe de direction, il a délibérément écarté toute approche disciplinaire dès les
débuts de son organisation un an et demi auparavant. Le thème, fédérateur, a permis de mettre en place des sessions interdisciplinaires qui
ont dépassé les clivages habituels entre historiens, littéraires, historiens des sciences, de l’art ou du livre, philosophes et musicologues.
Les membres du CESR et le conseil de perfectionnement ont été conviés à proposer une liste d’intervenants de façon à éviter ce qui aurait
pu n’être qu’une juxtaposition de noms prestigieux, et à respecter les nouvelles orientations de la recherche.
La séance inaugurale a montré les enjeux d’une problématique qui reste au
cœur des conflits. Point de réflexion fondamental avec la nouvelle science,
l’émergence de l’incrédulité et la remise en question des églises constituées,
le thème nous a réunis par un lien oblique, dans une hétérogénéité qui a
peut-être surpris avec des contributions où l’on a pu voir se côtoyer les
questions théologiques de la prédestination et du libre-arbitre, les questions
d’assurance « tout risque » et les manuels de jeux de hasard ; où l’on a
vu se déployer les grands desseins des artistes imitateurs ou singes de
Dieu et les improvisateurs en tous arts ; où la finalité des objets et des
créatures a pu être contestée ou réaffirmée ; où l’on s’est confié à l’aide
divine tout en la sollicitant pour soi seul ; où les figures païennes de
Fortuna, de Nécessité et d’Occasio ont hanté
les pages des livres d’emblèmes et les devises des notables. Le kairos
ou « moment opportun » a été revendiqué en politique comme en littérature,
pour cette époque qui était encore le théâtre de quelques antiques jugements
de Dieu, de quelques ordalies de sorcellerie, de punitions ou de récompenses
que l’on a déclarées bien méritées dans le meilleur des mondes possibles.
Aucun de ces sujets n’étant la propriété d’une discipline, aucun avatar
du Hasard ou de la Providence ne s’est laissé posséder complètement par
un seul groupe de spécialistes. La prédiction religieuse, les futurs contingents
et les pronostics médicaux se sont rencontrés sur le terrain de l’avenir,
en médecine comme dans les sciences de l’occulte.
La séance de synthèse, organisée par des doctorants et jeunes docteurs du CESR,
a permis de récapituler les lignes de force tracées entre les différentes sessions.
Les communications et les échanges ont montré que cette large période de près
de quatre siècles est bien celle des changements majeurs dans les attitudes
herméneutiques et dans les réponses aux grands questionnements au milieu des
bouleversements scientifiques, techniques et métaphysiques. On a pu remarquer
que la pensée du hasard progressait sensiblement à cette époque de montée du
rationalisme, comme un défi permanent aux idéologies rassurantes ou simplificatrices,
hasard provisoire qu’une ambitieuse idée de Nature comme objet de science voudra
faire reculer. Les contributions qui s’appuyaient sur une approche descriptive
et informative ont montré que les chercheurs spécialistes de la période n’en
ont pas fini avec l’étude des sources, toujours révélatrices d’opinions et de
croyances découvertes ou redécouvertes. D’autres ont décrypté les enjeux de
la nouvelle « Providence » exaltée par la Réforme et opposée au matérialisme
antiquisant, en montrant la volonté de maîtrise du destin humain, par-delà les
différences entre les approches confessionnelles, philosophiques et politiques.
Marie-Luce Demonet, directrice du CESR
Membre de l’Institut Universitaire de France